Les femmes telles qu’elles sont…
Un grand merci à l’association des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion au féminin (DFCG) et à Caroline Poupart qui nous a invité à animer un atelier sur la marque et les femmes. C’était une excellente occasion d’aborder non seulement l’influence réciproque Marques vs Société mais aussi de mettre en évidence le gain financier qui revient aux marques qui savent accompagner l’actuelle mutation sociétale post #MeToo.
Malgré une évolution notable depuis les années 60 (encore heureux…), de nombreuses marques échouent encore à :
- prendre en compte le rôle des femmes dans le couple
- répondre à leurs aspirations
- valoriser leurs aptitudes et capacités en les bêtifiant ou en les infantilisant (encore une dose de rose et quelques licornes ?…)
- les représenter hors de l’univers domestique
- respecter leur intégrité physique
- respecter leurs droits
- respecter leurs revendications…
D’un manque à gagner pour les entreprises
Toutes ces marques dans l’incapacité (ou le refus) de représenter les vraies femmes et leurs valeurs manquent une opportunité majeure de revenus estimée à 1 Milliard de dollars (Etude Kantar UK 2019) :
- 85% des femmes ont déclaré que le cinéma et la publicité peinaient à dépeindre les femmes du monde réel.
- Les deux tiers sautent les publicités qui les stéréotypent.
A un manque à gagner pour la société dans son ensemble
Dans cette relation d’influence entre les marques et la société, on retrouve le même manque à gagner sociétal. Par leur omniprésence et par le volume de message qu’elles produisent, les marques véhiculent des normes. Elles ont donc un rôle déterminant dans la construction de l’imaginaire collectif. Quand les marques contribuent à lever les freins au travail des femmes, le PIB pourrait augmenter de 4% au Canada et de 8% au Sénégal (FMI — Christine Lagarde).
Une telle augmentation du PIB, c’est plus de santé, plus d’éducation, de culture, d’infrastructures collectives, plus de soutien aux personnes en difficulté…
Les marques qui prennent le tournant
Dans le passé (et c’est encore le cas de beaucoup de marques encore aujourd’hui), les marques ont exploité et même nourri le sentiment d’imperfection et d’insécurité des femmes. On s’aperçoit aujourd’hui que le fait d’accepter et de représenter les femmes telles qu’elles sont et pour ce qu’elles sont est un puissant levier de changement qui trouve un écho très fort auprès de la société dans son ensemble :
- Comme Dove qui promeut l’estime de soi et le droit à la différence
- Nike qui défend le droit à l’autodétermination et fait de chacun‑e de nous des héro-ine‑s
- Always qui interroge “What Does It Mean Like A Girl ?”. Et à la question “what does it mean to run like a girl?”, une petite fille répond “to run as fast as you can”
- Barbie qui après des années de bashing reprend une position assersive et incite à lever les auto-limitations des filles
- State Street Global et sa magnifique statue “Fearless Girl” installée en plein Wall Street pour promouvoir la mixité dans l’univers très masculin de la finance (opération qui leur a valu une couverture média de 7,4 millions $)
Derrière cette déconstruction des stéréotypes et des normes, il y a un questionnement sur “ce que je suis” où le genre n’est plus LE paramètre essentiel. Ouf, depuis le temps que l’on annonçait la mort de “la ménagère de moins de 50”… Cela nous amène à travailler beaucoup plus finement les cibles sur des critères, non pas de genre ou d’age, mais de comportement, de repères socio-culturels, de valeurs, d’aspiration.
Un tournant cependant délicat à négocier pour les marques
Gillette, qui a pivoté de “the best a man can get” avec une campagne dénonçant la masculinité toxique, s’est vu attaqué sur l’incohérence qu’il y avait à déconstruire des stéréotypes tout en continuant à vendre les rasoirs féminin 15% plus cher.
Rien ne se fait en un jour. Pour les marques qui s’engagent dans cette évolution culturelle, il s’agit de gérer la phase de transition et les “scories” d’un passé beaucoup moins “women friendly”…
L’écueil du “women washing” (on ne parle pas de lessive…)
Rien ne sera plus contre-productif qu’une démarche opportuniste et dépourvue d’authenticité. Toutes les marques ne peuvent pas endosser ce combat : il y a celles dont ce n’est pas l’ADN ou ce n’est pas dans les préoccupations et aspirations de leur cible. D’où l’importance de rechercher la congruence parfaite entre la marque et ces cibles, tel que nous le pratiquons dans notre démarche chez BrandSilver.
A la clé, un gain de 772 milliards pour les marques “gender-balanced”
La valorisation des marques équilibrées (par genre) surpassent de 774 milliards de livres les autres marques, soit 4% de plus que les marques à asymétrie masculine et 6% les marques exclusivement masculines (Etude Kantar UK 2019).
“Si elles ne font que des efforts symboliques mais qui ne sont pas perçus comme authentiques, les marques rateront une opportunité commerciale très importante et ne feront tout simplement pas partie de la nouvelle société que les femmes construisent pour elles-mêmes.
En s’engageant de manière significative avec les femmes et en comprenant leurs priorités, les marques contribueront non seulement à leur succès commercial, mais également à la société dans son ensemble.”
Bart Michels, Kantar UK.
Une petite mention spéciale à Noliju et à sa fondatrice Norah Luttway dont la jeune marque parle si bien de la vraie vie, des vraies femmes et de leurs aspirations !
Toutes les marques citées sont la propriété de leurs détenteurs respectifs.
Références : Kantar BrandZ 2018, Kantar What Women Want 2019